Dépistage & diagnostic

La saturation de la transferrine et la mesure de la ferritine sérique

Présentement, les tests pour dépister l’hémochromatose ne font pas partie d’un examen médical général. Ils doivent faire l’objet d’une demande particulière sur un formulaire de réquisition pour le laboratoire. Un médecin peut demander un profil ferrique sanguin et dépendamment du laboratoire, cela peut inclure une mesure du fer sérique, de la ferritine, de la transferrine, de la saturation de la transferrine ou de la capacité totale de liaison du fer. Les indicateurs les plus importants parmi ceux-ci sont la mesure de la ferritine sérique (FS) et le pourcentage de saturation de la transferrine (ST). Ces tests devraient idéalement être effectués le matin, à jeun depuis la veille, pour que les résultats soient plus sensibles.

FS et ST sont des indicateurs de la quantité de fer contenue dans le corps et de la quantité de fer qui est actuellement transportée et emmagasinée.

Tests sanguins de dépistage biochimique

Ferritine sérique (FS)

Le taux normal de ferritine sérique varie selon l’âge et le sexe. Un taux anormalement élevé va être identifié sur le rapport de laboratoire comme étant hors norme. La ferritine sérique est cependant un test non-spécifique : le résultat peut être élevé pour une autre raison que l’hémochromatose. Des tests de suivi seront nécessaires pour déterminer si l’élévation persiste. Un niveau supérieur à 200 ng/mL pour les femmes et 300 ng/mL pour les hommes est considéré hors norme, mais il est rare que les organes soient endommagés avec des niveaux plus bas que 1000 ng/mL.

Saturation de la transferrine (ST)

Une saturation de 25-40% est habituellement considérée comme normale. Une saturation supérieure à 45% devrait faire l’objet d’une investigation plus poussée. Bien qu’une ST élevée soit liée à l’hémochromatose, il s’agit ici d’un test de dépistage général. À elle seule, la ST est insuffisante pour poser un diagnostic.

Si la FS et la ST se révèlent toutes deux franchement anormales ou si elles se situent dans les valeurs normales supérieures, ces tests de dépistage doivent être répétés pour en vérifier l’exactitude. Si les résultats continuent d’être élevés, il faudra aller plus loin. Le test diagnostic qui confirmera qu’il s’agit bien d’hémochromatose heréditaire est un test de dépistage génétique i.e. le typage du gène HFE.

Des niveaux élevés de FS et de ST peuvent être détectés longtemps avant l’apparition des symptômes. Des résultats qui continuent d’être anormalement élevés indiquent une surcharge biochimique en fer et cela est considéré comme étant le premier signe d’hémochromatose.

Diagnostic génétique

Un typage génétique du gène HFE confirmera un diagnostic d’hémochromatose héréditaire. Un échantillon de sang est prélevé pour effectuer le test sur l’ADN cellulaire. On y examinera le gène HFE afin de déceler la présence des mutations C282Y et H63D, les deux anomalies les plus fréquentes responsables de l’hémochromatose-HFE de type 1.

Combinaisons positives possibles observables au test génétique HFE:

C282Y / C282Y – homozygote pour l’hémochromatose HFE de type 1. C’est la combinaison que possède la majorité des individus avec hémochromatose car elle entraîne une surcharge de fer sévère chez la plupart de ces individus, sinon tous.

C282Y / H63D – hétérozygote composé pour l’hémochromatose HFE de type 1. Une surcharge de fer importante se produit chez seulement 15% de ces individus. Chez les 85% restants, la surcharge de fer est généralement beaucoup moindre ou intermittente.

H63D / H63D – homozygote pour l’hémochromatose HFE de type 1. Une surcharge de fer est inhabituelle, avec peu de chances de lésions aux organes. Cependant, d’autres facteurs (génétiques et environnementaux) peuvent jouer un rôle dans l’expression ou l’évolution de la maladie.

 

Un résultat positif du génotypage HFE implique que les autres membres de la famille devraient aussi être testés. Les membres de la famille immédiate (parents, frères, sœurs, enfants) sont à risque d’être porteurs sains d’une copie du gène HFE ou d’avoir hérités de deux copies anormales du gène HFE, auquel cas ils pourraient développer la maladie. Les conjoints devraient être testés s’il y a des enfants mineurs, afin de déterminer le risque pour ces derniers. Un conseil de soutien en matière de génétique pourrait être bénéfique, surtout pour ceux qui présentent un résultat positif au test génétique HFE et qui désirent fonder une famille.

Voir la section Transmission Génétique pour une représentation visuelle de la transmission potentielle.

Si le test génétique est négatif parce que des mutations (C282Y et H63D) n’ont pas été détectées dans le gène HFE, il peut y avoir une autre cause pour la surcharge de fer, telle qu’une autre maladie ou encore une autre forme d’hémochromatose causée par d’autres mutations sur HFE ou sur un autre gène. Une investigation médicale sera nécessaire. L’hépatite C, l’alcoolisme chronique et un foie gras sont tous des facteurs de risque non-héréditaire pour développer une surcharge en fer secondaire de faible à modérée.

Autres tests possibles

En plus des tests biochimiques de dépistage (ferritine et saturation de la transferrine) et des tests génétiques HFE, d’autres tests peuvent être demandés afin d’évaluer les risques concernant les lésions aux organes, ou encore pour en comprendre l’évolution.

La mesure des enzymes hépatiques est souvent effectuée pour analyser l’atteinte du foie. Le suivi de cette mesure est nécessaire afin de s’assurer que les valeurs redeviennent normales lorsque la quantité de fer emmagasinée dans le corps sera réduite. Si elles ne redeviennent pas normales, il faut savoir pourquoi. Par exemple, une cirrhose peut déjà être présente, ou le patient peut avoir une autre maladie qui touche son foie.

Une biopsie du foie peut parfois être faite, afin de déterminer s’il y a des lésions au foie et pour évaluer la quantité de fer qui y est emmagasinée. La biopsie n’est cependant pas nécessaire pour poser un diagnostic chez la majorité des patients avec hémochromatose. Cela n’est d’ailleurs pas utile pour suivre l’évolution de la maladie.

L’imagerie du foie est habituellement requise. Cela donne une image de la structure du foie utile pour détecter une cirrhose et certaines complications attenantes. Chez les patients atteints de cirrhose, cela est utilisé pour rechercher un cancer primaire du foie (hépatome / HCC). Cette complication est retrouvée chez environ 25% des patients avec cirrhose causée par l’hémochromatose. La plupart des patients devraient être inscrits à un programme de dépistage pour l’hépatome qui comprend un test sanguin nommé « alpha-fetoprotéine » et une procédure d’imagerie (soit une échographie ou un CTscan triphasique) à tous les six à douze mois.

De plus, tous les patients devraient être suivis pour d’autres causes d’hépatite. Ceux qui ne le sont pas déjà devraient être vaccinés contre l’hépatite A et B.